Résumé :

La réalité nous montre aujourd’hui qu’on ne peut se passer de la déontologie. Ainsi, dans des nombreux domaines professionnels, notamment ceux dans lesquels la maturité intellectuelle et de sagesse a atteint un degré important (milieu médical, scolaire, administratif, presse, affaires, économique et commercial, sportif, art, justice etc), la connaissance des normes déontologiques est un impératif catégorique. Ainsi, l’article 5 de la Loi n°14/2005 du 8 août 2005 portant code de déontologie de la Fonction Publique Gabonaise dispose que « Constituent les normes fondamentaux auxquels est soumise l’administration : le principe de légalité; le principe d’égalité; le principe de la continuité ; le principe de la neutralité ; le principe de la mutabilité ou d’adaptabilité ; le principe de la gratuité ; le principe de la responsabilité». Ceci dit, ces normes doivent être connu et observés par l’agent public dans l’exercice de sa fonction. Cependant, force est de constater que nombreux sont les pays de la Communauté Économiques et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) dont les administrations publiques soufrent d’une léthargie qui, occasionne d’emblée leur inefficacité dans un contexte exacerbé par l’avènement des nouvelles technologies. Le cas de l’agent public gabonais nous servira de repère. Car, soit il connaît les normes déontologiques et les bafoues, soit il les ignore et commet des fautes professionnelles par mésinformation et donc par un profil intellectuel biaisé. Ceci expliquerait le fait que le service public soit en proie à la perte croissante et inquiétante des concepts d’éthique et de déontologie au profit des usages peu commodes qui déteignent, in fine, sur l’image de la nation tout entière et sur l’accélération du processus d’intégration sous régionale. Quand on sait qu’un État démocratique a un devoir de responsabilité qui doit être soutenu par une fonction publique moderne et compétente, une exploration archéologique de la fonction publique via son agent semble fondé en raison.
Mots clés : connaissance, agent public, valeur déontologie, corruption, développement.

Abstract:
This article discusses the issue of the low level of integration in the Economic and Monetary Community of Central Africa (CEMAC) zone whose focus lies on development imperatives. In this regard, it should be noted that the Organization of African Unity was born out of the vision to make Africa capable of fulfilling the legitimate aspirations of its people, by creating understanding and cooperation in order to strengthen solidarity and brotherhood. To facilitate this cooperation and integration, the Heads of State and Government signed the Sirte Declaration on September 9, 1999. This declaration recommended the creation of the African Union. Thus, the African Union, which was created in Durban in July 2002, aimed, among other things, at boosting the integration processes. In this perspective, the political leaders of Central Africa and the Great Lakes region who share a common destiny will, for their social, economic and political progress, set up an organization with the view to facilitate the sub-regional integration. However, it must be noted that the implementation of integration mechanisms contrasts with the dynamics of political cooperation.
Key words: integration, institutions, acidity, Central Africa, development.

Introduction

« L’agent public gabonais : entre connaissance et crises des valeurs déontologiques. » tel est l’objet de notre analyse. La formulation de ce sujet tient du fait que les préoccupations éthiques et déontologiques émergent de plus en plus dans les sociétés africaines au regard des impératifs de développements. En effet, si la philosophie morale trouve dans des auteurs comme Jürgen Habermas en Allemagne ou Luc Ferry en France des théoriciens de la crise des valeurs, des défenseurs et illustrateurs des questions éthiques, cette deuxième rencontre internationale de Brazzaville est une tribune fondée en raison, en ceci qu’elle convoque au tribunal de la raison les faits humains. Ainsi, partant de son étymologie grec deôn-ontos qui signifie «ce qu’il faut faire » et logos, «connaissance ou pensée » ; la déontologie s’appréhende comme étant la science de la conscience professionnelle,et traite des devoirs à remplir dans l’exercice d’un métier. Par conséquent, si l’article 5 de la Loi n°14/2005 du 8 août 2005 portant code de déontologie de la Fonction Publique gabonaise dispose que « Constituent les normes fondamentaux auxquels est soumise l’administration : le principe de légalité; le principe d’égalité; le principe de la continuité ; le principe de la neutralité ; le principe de la mutabilité ou d’adaptabilité ; le principe de la gratuité ; le principe de la responsabilité ». Et que les usagers ne cessent au quotidien de se plaindre, doit-on croire que l’agent public aurait perdu son latin face aux normes déontologiques ? Mieux, les réalités de la formation sont-elles en inadéquation avec les vérités du terrain professionnel? Telles sont les questions soutenant cette réflexion qui se fondera sur trois points. Le premier point, plus théorique, précisera les relations entre éthique et déontologie pour une meilleure compréhension de l’action publique. Le second, plus pédagogique, présentera la perception de ce que doit être la formation face aux valeurs déontologiques liées à une profession. Le troisième point, plus sociologique, visitera l’impact relatif à la maîtrise et à l’application des valeurs déontologiques face aux impératifs de développement.

I-De la relation éthique – déontologie pour une meilleure lecture de l’action publique
1.1 L’agent public : de la nécessité de se construire pour mieux servir
On ne peut se passer de l’éthique ou de la déontologie dans des nombreux domaines professionnels, notamment ceux dans lesquels la maturité intellectuelle et de sagesse a atteint un degré important (milieu médical, scolaire, administratif, presse, affaires, économique et commercial, sportif, art, justice etc). C’est dans cette perspective que l’enseignant est une cheville ouvrière de premier ordre dans l’édification d’une Nation. Et Justin Coomlan Ayelo et Florentine Houedenou (2018) affirment « qu’il soit du public ou du privé, [l’enseignant] exerce une fonction exceptionnelle au sein de la société à cause de la tâche d’éducation qui lui est dévolue ». Pour se faire, il ne peut mieux donner le meilleur de lui-même s’il ne comprend pas sa mission d’éducateur, s’il ne cultive pas une conscience professionnelle, l’amour de son métier et s’il ne fait pas de l’éthique son accoudoir. En un mot, il a la charge de faire en sorte que l’école soit vraiment le meilleur espace où on se forme et s’informe.

De ce fait, l’agent public doit bien se construire intellectuellement et professionnellement pour mieux servir. Cette construction trouve son effectivité non seulement dans une formation qui permet l’acquisition explicite du savoir, à tous ses niveaux et dans toutes ses formes, mais encore dans l’application des normes du service public. La formation doit donner à tout apprenant la plus belle des rectitudes possibles, car comme le souligne Justin Coomlan Ayelo et Florentine Houedenou (op cit.,), « la professionnalisation (…) appelle les acteurs à mettre en application l’éthique et la déontologie. » En cette perspective, les pouvoirs publics et les législateurs se doivent d’assister les formateurs qui ont la lourde charge de travailler sur l’être humain.
1.2 L’action publique au tribunal de la raison
Si l’école est le lieu par lequel l’individu, via la formation, accède au rang de citoyen, elle doit pour cela être capable d’offrir un panel de formations sensées. Par l’école et la formation, l’agent public doit être en mesure de devenir maître et possesseur de l’action publique entendu comme manifestation d’une volonté citoyenne. Car, le Petit Larousse (2015) précise que si la déontologie est «l’ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l’exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le public » ; c’est parce qu’elle exige la probité, l’impartialité et la neutralité au sein des administrations publics, entre autres. Ainsi tout agent public doit, dans le cadre de l’accomplissement de ses actes professionnels, maîtriser ses réactions émotives surtout négatives. Tout comme il est judicieux qu’il soit diligent dans son travail en créant un climat de confiance verticale, c’est-à-dire entre les usagers et lui. Tout comme il est bon que cela soit de même de manière horizontale c’est-à-dire entre ses collègues et lui. En conséquence, l’agent public de par son agir ne doit pas créer de déséquilibre ou de dysharmonie dans son rapport à soi, aux autres et à l’environnement.
En République gabonaise, le Code de déontologie de la fonction publique se présente donc comme un levier d’optimisation en vue d’un service public de qualité et immaculé. Cependant, nonobstant la clarté de l’article 5 de la Loi n°14/2005 du 8 août 2005 portant code de déontologie, le service public semble toujours coincé dans ce qu’il faut qualifier de violence de la bonne réponse. Violence parce que cet idéal républicain n’est pas toujours partout pareil lorsqu’on est amené à recourir aux services publics. Violence finalement parce qu’il y a comme une quasi disparition du concept non seulement de gratuité dans cet écosystème censé être peuplé de fonctionnaires rémunérés, mais aussi de celui de neutralité qui pourtant interdit la mise en place de tout traitement discriminatoire et subjectif. Ceci, nous situe aux antipodes de toute base légale et accentue davantage la crise des normes déontologique d’une administration publique qui prône pourtant l’efficacité.

Cette convocation de l’action publique au tribunal de la raison pose, par ricochet, la problématique du vivre ensemble. Un usager offensé peut manifester un comportement pouvant mettre à mal la quiétude dans un service. Pour ce faire, le bon agent public dans son travail au quotidien doit cultiver l’éthique de la fraternité qui participe fondamentalement à l’atteinte de l’idéal d’un service public communautaire. Il devrait donc remettre en cause son soi narcissique. Ce dépassement de soi permet la pleine existence de l’autre. Autrement dit, tout service doit permettre l’émergence d’une véritable éthique de l’altérité. Parce que l’agent public chargé d’une tâche est oint d’une responsabilité qui se fonde sur des normes. Et le philosophe théologien Al Ghazali nous donne un aperçu de ce qu’est la norme. Cette aperçu qui traduit toute l’importance de la posture professionnelle résultant d’une formation préalablement pertinente est édicté par lui (1997, p. 111) de la manière suivante :
[La norme ] veut, pour nous (‘indanâ), dire l’énoncé (hitâb) dû à la Loi (šar‘) si [cet énoncé] se porte sur les actes imputés (af‘âl) aux sujets responsables (mukallafîn). Le prohibé est ce par rapport à quoi il est énoncé : laissez-le et ne le faites pas ; l’obligatoire est ce par rapport à quoi il est énoncé : faites-le et ne le laissez pas ; le licite ce par rapport à quoi il est énoncé : comme cela vous convient faites-le ou ne le faites pas.
Et Al-Ghazali précise qu’à ces trois catégories de normes, à savoir l’obligatoire, le prohibé et le licite, s’ajoutent deux autres que sont le recommandé (al-mandûb) et le répréhensible (al-makrûh). A la réalité, ces normes ghazaliennes qui régissent la conduite humaine, non seulement en milieu professionnel, sont des qualifications statutaires qui permettent de situer la responsabilité d’un individu. Nous comprenons donc aisément qu’aucune formation professionnelle ne peut et ne doit faire l’impasse sur les principes déontologies.

II-Formation et valeurs déontologiques
2.1 De l’importance de la formation dans la compréhension des valeurs déontologiques : cas de l’enseignement
Si nul ne conteste que la préoccupation éthique est au centre de tous les débats modernes et mêmes postmodernes en se situant à la croisée du droit, de l’histoire, de la politique et de la philosophie, c’est parce que l’école de la République à travers ses offres de formations peut-être considérer comme une constante de la forme [f(g) = ae + d avec e >0]. Autrement dit, pour toute formation résultant d’une volonté gouvernementale f(g), l’apprenant « a » doit être bien formé et informé afin d’être opérationnel et obtenir un emploi « e » , emploi par lequel il doit participer au développement « d ». Avec e>0 cela signifie que la formation donne lieu à un emploi et non le contraire. De ce fait, toute formation professer doit être non seulement en totale adéquation avec les besoins réels du pays, mais aussi en capacité de faire en sorte que ceux qui intègrent le monde du travail aient pleine conscience de l’ensemble des règles et devoirs qu’impose l’exercice du métier choisi. Cette prise de conscience permet de comprendre qu’être professionnel c’est être redevable à «l’ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession…» (Le Petit Larousse 2015).

Le Gabon, tout comme tous les pays d’Afrique au sud du Sahara, aspire au développement et croit aux potentialités des intégrations. Et si l’exécutif ou le législateur lutte, à travers les textes de loi, pour défendre des normes particulières ; il convient de dire avec Durkheim (1963) qu’à chaque époque un défi moral nouveau se présenter et doit être relevé. Ainsi, si hier il s’agissait d’abolir l’esclavage en Occident ou encore de promouvoir le multipartisme en Afrique, aujourd’hui il s’agit du droit à l’éducation pour tous et la nécessité d’avoir une administration publique capable d’impulser le développement.

Pour ce faire, l’école et les lieux de formation professionnelle à travers les acteurs qui les animent ont l’obligation d’éduquer et de former les apprenants à la connaissance de soi et à la découverte de l’autre en tant qu’une personne humaine, un collègue ou un partenaire, un égal ou un collaborateur de travail. Ce n’est qu’à ce moment qu’on saisira que toute formation scolaire, universitaire et professionnelle permet en réalité de saisir l’idée selon laquelle l’autre est un anthropos, c’est-à-dire un ami de la vie et par-dessus tout une source de richesse. En cette perspective, nous pouvons dire que le moi ne se constitue qu’à la faveur d’une rencontre avec l’autre. Telle est la posture que devrait avoir tout agent dans l’exercice de ses fonctions. Car on ne peut aboutir au développement sans la prise en compte de ces préalables.
2.2 De la réalité de la formation à la vérité de la réalité
La formation permet non seulement l’acquisition des compétences, mais aussi la construction d’une éthique permettant d’agir avec justesse. Et tout agent public qui agit ainsi garde et garantit « la juste place de toute chose » en ce monde (Bernard, 1990) et progresse sur le chemin de la perfection. Un tel agent finira par atteindre son idéal humain et deviendrait ainsi un exemple et une référence pour ses collègues. Ce qui donne des raisons de croire que la déontologie administrative s’apparente à une morale de comportement du fonctionnaire tout en participant à l’amélioration du fonctionnement du service. Pour ce faire, la formation ne doit pas être biaisé car «… l’éthique représente … la base de l’agir humain. Elle est le principe, ce qui fonde et enracine l’existence. » (Justin Coomlan Ayelo et Florentine, op cit.,).

De plus, l’intégration des normes déontologiques dans le cursus de formation ne signifie pas intégrer des mécanismes psychologiques. Les processus d’assimilation et d’accommodation auxdites normes doivent rendent compte à la fois de l’adaptation à des situations singulières et à la construction de la compétence. C’est dans ce sens que la formation doit consister à privilégier l’exercice direct de la pratique déontologique par les stagiaires en formation. A ce propos, il faut mettre un terme aux goulots d’étranglement qui font qu’une fois sur le terrain professionnel, le jeune agent constate le criard hiatus qui existe entre la réalité de la formation et la vérité du terrain. Hiatus qui se traduit par le clientélisme, le copinage et la corruption. Ces goulots d’étranglements donnent l’impression que la vérité du terrain annihile la réalité de la formation en faisant en sorte que les schèmes ainsi construits soient ceux qui permettent la survie et la reconduction des pratiques immorales et non professionnelle, plutôt que l’invention de celles ordonnées aux normes déontologiques.
III-Les normes éthiques et déontologiques face aux enjeux du développement
3.1 De la vocation professionnelle
S’il est connu qu’un travail fait de bon cœur ne fatigue pas, alors la destination naturelle ou l’aptitude spéciale d’un individu est une vocation. Selon Le Petit Larousse (op cit.,) la vocation est une vive inclination pour un état de vie, une profession ou une branche d’activité. La vocation fait donc naître un attachement farouche, tout en donnant de l’aisance à exercer un métier qu’on s’est donné librement à l’issue d’une formation. Exercer un métier par vocation signifie qu’on ne s’arc-boute pas ipso facto sur les intérêts que ce métier peut nous procurer. Ce qui importe c’est l’objectif de fournir un travail bien fait et de constater qu’on participe à l’édification de la société. C’est dans cet élan que Louis Pasteur (1822-1895) répétait inlassablement : « ce n’est pas la profession qui honore l’homme mais l’homme qui honore sa profession ».
Mais, force est de constater qu’au sein de l’administration publique gabonaise, nombreux sont les agents qui manque de vocation, sinon comment comprendre l’absence de ponctualité, d’assiduité et de régularité le tout doublé d’une lenteur dans le traitement des dossiers ? Faire preuve de vocation c’est avoir une idée claire de la nécessité de développer les comportements éthiques et déontologiques dans l’exercice de son métier en vue non seulement de l’autoréalisation, mais aussi du développement du pays. Mais pour en arriver là, chaque agent public doit avoir un réel goût de l’effort et une parfaite connaissance de ses devoirs ou obligations professionnelles. Ce n’est qu’en ce moment que l’expérience dont font état certains quand ils parlent de «leurs » responsabilités ou interprètent leur situation aurait du sens.
3.2 Compétence et conscience professionnelle : jeux de tous les enjeux
Une compétence est ce pouvoir qu’on suppose être, au sein du sujet, à l’origine d’une performance. Et chaque compétence n’est jamais désignée que par l’énoncé de la performance dont elle est censée rendre compte. Mais, nombreux sont les agents publics qui obscurcissent l’horizon du développement en n’explicitant pas et en ne rendant pas publiques les raisons de leurs choix et décisions. Et pourtant, Richard Étienne (2008) indique que le professionnel « dit les gestes adaptés aux situations et à l’état des savoirs». Ceci pour signifier qu’on ne peut, dans l’exécution d’une tache professionnelle, faire fi du lien profond qu’il y a entre la compétence professionnelle et les savoirs c’est-à-dire la formation. Précisons ici qu’une compétence n’est pas seulement une disposition à accomplir un certain type de tâches, elle est aussi la faculté de choisir la démarche qui convient à chaque tâche. Or, en voulant avoir des honneurs de part sa profession, l’agent public manque de lucidité et n’arrive pas souvent à déterminer ce qui convient objectivement à chaque moment de sa pratique professionnelle.
Sans vouloir noircir le tableau, nous estimons qu’avec certains comportements observés çà et là au sein de l’administration publique gabonaise, nous pouvons ouvrir un carnet nécrologique dédié à la conscience professionnelle. En effet, il est à constater que certains agents public abandonnent leur poste ou s’absente comme ils le veulent, sans autorisation aucune. Par conséquent, nous pouvons penser que le manque de conscience professionnelle par la méconnaissance et le non respect des règles déontologiques est une acidité qui participe au maintient d’un État dans le sous-développement. Il faut donc agir en changeant les mentalités. Car, c’est plus une question de mentalité que de formation qui plombe toute velléité de changement positif. Si chacun se décide à changer, le système public s’en portera mieux. C’est cette conscience professionnelle qui devrait aider l’agent public à bien accomplir sa mission d’autant plus qu’elle est la lumière qui idéalise la tâche et le moteur intérieur qui aide à la mieux accomplir.

En tant que vertu individuelle, la conscience professionnelle est une condition de l’estime de soi, une forme de sincérité et de fidélité envers soi. Elle exige la régularité, l’assiduité, l’efficacité, la justice, l’équité, le zèle et l’esprit d’initiative. Cela signifie qu’elle implique le sens du travail bien fait et la volonté de bien le faire. Et Olivier Reboul (2005, pp. 5-7) l’atteste en disant « qu’il n’y a pas [d’efficacité dans le travail] sans valeurs» éthiques ou déontologiques. Pour cela, il faut aussi que les agents publics qui se révèlent défaillants dans l’exercice de leur fonction et ceux coupables d’actes immoraux soient sanctionnés conformément aux textes en vigueur. Car, la conscience professionnelle prend sa source dans le sentiment profond de la noblesse du rôle que joue chaque agent public dans l’accomplissement des multiples tâches que commande l’exercice de sa mission qui l’exige d’être au service de la Nation.

3.3 Le ventre mou des normes éthico-déontologiques
L’éthique trouve des applications dans des champs sociaux très diversifiés et se présente comme une réflexion, « un questionnement qui précède l’introduction de la loi morale » (Ricœur, 1985, 42-46). Toutefois, bien que l’éthique ne soit pas de l’ordre des réponses toutes faites, il convient de remarquer que les normes indiquées à l’article 5 de la Loi n°14/2005 du 8 août 2005 portant code de déontologie de la Fonction Publique Gabonaise ne sont en aucune manière appuyées sur des savoirs. Autrement dit, les normes à observer sont décrétés, sans être ni argumentés ni soutenus par des références à des travaux scientifiques. Ajoutons que ces normes sont pour la plupart des informations de nature institutionnelles ou organisationnelles. De même, en l’absence d’une accréditation par des savoirs, rien n’est vraiment « professé » en termes de contenu fécond pendant la période de formation professionnelle.
Par ailleurs, en raison même de la notion de service public qui leur est particulière et des nombreux textes qui encadrent l’exercice de leur métier, les fonctionnaires peuvent se trouver confrontés au doute dans l’exercice de leur métier. Car, ils sont également des humains avant tout. Et Didier Jean-Pierre (1979, préface) indique :
C’est un fait que la foi des fonctionnaires en leur rôle c’est-à-dire, pêle-mêle, la croyance en l’existence d’un intérêt général qu’ils doivent poursuivre, l’ardeur au travail, qui en découle, les exigences de loyauté, d’intégrité, d’impartialité, de moralité, que [tout] cela …. est aujourd’hui chancelant.
Ce chancèlement est une crise qui fait que l’agent public ne se sent pas responsable de répondre avec abnégation et promptitude aux sollicitations des usagers.

Conclusion
Nous retenons que l’extinction de la crise des valeurs déontologiques passe, entre autre, par le rafraichissement de la notion de compétence. En tant qu’acteur d’une pratique sociale, il est important que l’agent public maîtrise, pendant sa formation, une gamme de procédures relatives à son domaine de compétence, ainsi qu’un ensemble d’informations sur celui-ci. Mais cela ne suffit pas. Car étant confronté, dans sa pratique, à des situations toujours singulières et donc relativement inédites, la connaissance des normes déontologiques lui permettront de mobiliser, parmi les connaissances et les procédures qu’il possède, celles qui conviennent à la singularité de la situation. De même, pour réduire le hiatus qui existe entre la réalité de la formation (théorie) et la vérité de la réalité du terrain (pratique), l’Etat doit doter ses agents des moyens matériels et symboliques qui les aideront à se réaliser avec efficacité dans l’exercice de leur métier.

Par: Alain BOULINGUI MOUSSAVOU, Professeur certifié de Philosophie, Censeur Pédagogique du 2nd cycle au Lycée Mohamed ARISSANI de Libreville, Doctorant à l’École Doctorale de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville au Congo. emeraudekari@yahoo.fr

Références Bibliographiques et sitographiques

– Al-Gazâlî (Muhammad Ibn Muhammad Abû Hâmid), (1997), Al-Mustasfâ min ‘ilm al-usûl (la Quintessence de la théorie légale), annoté par Muhammad Slîmâne al-Ašqar. Beyrouth, mu’assasat al-risâla.
– D. Jean-Pierre, (1979), L’éthique du fonctionnaire civil. Son contrôle dans les jurisprudences administrative et constitutionnelle françaises. Paris, LGDJ.
– E. Durkheim, (1963), L’éducation morale, Paris, PUF.
– J. C. Ayelo et F. Houedenou, (2018), Se construire pour enseigner : éthique et déontologie de l’enseignement, Les éditions ProTIC Abomey-Calavi.
– Journal officiel du Gabon N°113 du 1 mai 2021, Circulaire N° 0082/MEFPTFP/CAB-M du 10/02/2021 relative au rappel des règles en matière de Conseil de discipline.
– Le Petit Larousse. (2015). Claude. Paris.
– P. Ricœur, (1985), Avant la loi morale, l’éthique. Encyclopedia Universalis, pp. 42-46. Paris.
– R. Étienne  (2008). « Autour des mots : Professionnalisation, formation à et par la recherche », Recherche et Formation, n° 59.