Nicaise moulombi, Président de l’ONG Croissance Saine Environnement, Président executif du réseau des organisations de la société civile pour l’economie Verte en Afrique Centrale a à l’occasion de la tenue à Libreville du One Forest Summit, une rencontre pour discuter la question de la préservation des forêts, lancé une invite aux décideurs présents à cet événement de mettre en avant les financements actuels de la gestion durable et de la conservation des forêts dans l’espace.

Les forêts d’Afrique centrale, qui incluent le bassin du Congo, jouent un rôle essentiel au niveau mondial, car elles contribuent à la régulation du climat global, ce qui leur a souvent valu d’être désignées comme « second poumon forestier tropical de la planète». Le stock de carbone de leur biomasse et de leurs tourbières est estimé à 80 milliards de tonnes, soit près de dix années du total des émissions mondiales de dioxyde de carbone .

Les dirigeants mondiaux sont donc appelés à soutenir les financements innovants en faveur de la nature lors du One Forest Summit au Gabon
Les crédits carbone à impact biodiversité et les certificats de nature pourraient contribuer à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et du nouveau Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, améliorer la gouvernance des marchés du carbone existants pour y inclure la biodiversité.

Sachant que les forêts non perturbées d’Afrique centrale absorbent désormais plus de carbone que celles d’Amazonie (Dalimier et al. à paraître) et d’Asie du Sud Est et constituent ainsi à date le plus important puits de carbone tropical . D’après les récentes estimations des chercheurs du Global Forest Watch (GFW), les forêts du bassin du Congo séquestrent encore 600 millions de tonnes de CO2 de plus qu’elles n’en émettent par an. La moyenne de leurs émissions stagne à 530 millions de tonnes tandis que la moyenne d’absorption atteint 1,1 milliard de tonnes de carbone.

Pour aller dans le même sens selon Carlos Manuel Rodriguez, président et directeur général du Fonds pour l’environnement mondial. « Les crédits carbone à impact biodiversité et les certificats de nature ont le potentiel de débloquer des financements supplémentaires provenant de diverses sources, notamment des entreprises du secteur privé qui se sont engagées à produire un impact positif pour la nature et à soutenir la transition vers la neutralité carbone. Nous devons tirer les enseignements des travaux réalisés sur les crédits carbone pour créer un système de crédits forestiers unique et unifié qui tienne compte des préoccupations liées au climat et à la biodiversité. »

En ce qui concerne la biodiversité, l’Afrique centrale est une région prioritaire de conservation au regard de son patrimoine exceptionnel et de son haut niveau d’endémisme. Ses écosystèmes ont valeur de bien commun aussi bien pour les générations actuelles que pour les générations futures. Les forêts d’Afrique centrale servent de cadre de vie à environ 100 millions de personnes qui y vivent directement ou dans leur périphérie. Elles remplissent des fonctions sociales et culturelles essentielles pour ces populations locales et autochtones qui s’y épanouissent.
Pourtant, les forêts d’Afrique centrale ne semblent pas mobiliser autant d’attention de l’aide publique internationale, des acteurs privés de la mondialisation et des philanthropies que celles d’Amazonie ou de l’Asie du Sud-Est.

Il est donc nécessaire pour les décideurs d’envisager une adéquation aux flux financiers internationaux destinés à la gestion durable et à la conservation des forêts tropicales du monde .